olivier umhauer - EXODE XX,4
Photography
Photographies issues de la série présentée à Tokyo en 2000 à l'Institut, centre culturel franco-japonnais.
PRÉSENTATION
L’apparence a la plénitude de la réalité, mais en tant qu’apparence. En tant qu’autre chose qu’apparence, elle est erreur.
Simone Weil
A l’instar des photogrammes, les photographies présentées ici sont réalisées sans appareil photo. L’image fixée sur l’épreuve unique est un négatif papier.
Sous l’éclairage de son agrandisseur, Olivier Umhauer place sur un
papier photo un volume évidé, parfois composite, dont les parois
diffractent les rayons lumineux qui vont former l’image sur son support.
Face à un tel travail, la question de savoir ce qui a été pris en photo
importe moins que de se rendre compte de ce qui a été rendu visible par
l’acte photographique lui-même et qui n’existait pas avant lui. En
effet, si les objets qui ont contribué à la réalisation de ces photos
ne conservent pas l’apparence que nos yeux leur prêtent, à quoi bon les
énumérer ? On peut être curieux d’apprendre que de vulgaires briques de
plastiques associées à quelques méchantes boîtes de conserve ont servi
ça et là les desseins et le dessin lumineux de l’auteur, mais ça ne fait
pas de ces photographies des images de boîtes de conserve et de briques
de plastique. C’est qu’en définitive la représentation cède ici le pas à la
présentation. Comme si, à rebours de l’officielle chasse aux archaïsmes
- corollaire du jeunisme si prisé par les dictatures - un usager de la
photographie s’amusait quand même à entretenir sans complexe un vieil
interdit biblique. Comme s’il s’ingéniait ( sa précédente série « Les
circulaires de Léon III » nous le suggère) à faire du verset 4 du
chapitre XX de l’Exode sa principale source d’inspiration. A l’heure où
l’image tend partout à se substituer à la pensée pour manipuler les
foules, qui lui en tiendrait rigueur?
Nicole Tosca